(Arthur CONTE et Philippe MALAUD)
Tout commence le 12 octobre lorsque la commission des finances de l'Assemblée nationale décide de ne pas autoriser la perception de la redevance pour 1974. Alors qu'il s'agit là d'une manoeuvre assez classique des Parlementaires désireux de se mêler des affaires de l'ORTF dont ils sont souvent écarté, Arthur CONTE, le PDG de l'ORTF, y voit une maneuvre du ministre de l'information, Philippe MALAUD, avec qui au fil des mois les relations se sont de plus en plus tendues.
Arthur CONTE présente aussitôt sa démission, qu'il reprend le 13 octobre, le Président de la République lui ayant renouvelé sa confiance lors d'un entretien qu'il lui a accordé à l'Elysée.
Mais le 17 octobre, suite à la publication, à l'instigaion d'Arthur CONTE, d'une note confidentielle du Ministre, en réalité un courrier adressé le 3 octobre à M. DANGEARD, directeur général délégué de l'Office et proche collaborateur d'Arthur CONTE, courrier dans lequel le Ministre réclame des têtes, notamment celle de Jacques SALLEBERT, le conflit devient de notoriété publique.
C'est désormais une affaire d'Etat.
Les deux hommes s'affrontent même devant les commissions parlementaires. Philippe MALAUD dénonce la mainmise des syndicats sur l'ORT, dont la gestion est pour lui Ubu multiplié par Kafka. Arthur CONTE défend âprement son bilan et déclare : " Je dois être libre pour être loyal".
Le 22 octobre, Pierre MESMER, Premier ministre, fait savoir à Arthur CONTE que le Président de la République accepte sa démission. Arthur CONTE fait savoir de son côté que cela n'est pas possible dès lors qu'il a repris sa démission. Si on veut qu'il s'en aille, qu'on le fasse d'autorité. Il rappelle qu'il a été nommé pour 3 ans et que son mandat ne court que depuis 16 mois.
Le 24 octobre, il est mis fin, par décret, aux fonctions d'Arthur CONTE. C'est Marceau LONG qui lui succède.
Dans le même temps il est procédé à un remaniement ministériel. Philippe MALAUD quitte le ministère de l'information pour celui de la fonction publique. Jean-Philippe LECAT devient le nouveau ministre de l'information.
Pour une fois, les syndicats de l'ORTF décident, unanimes, de ne pas faire grève. Il semble impensable de faire grève pour un patron. Un recours est cependant déposé devant le Conseil d'Etat contre le décret, recours qui n'aboutira pas, étant jugé irrecevable.
Un seul membre du conseil d'administration démissionne pour marquer sa solidarité avec Arthur CONTE : l'écrivain et journaliste Gaston BONHEUR.