Diffusion : samedi 19 février 1977 à 15h50 simultanément sur TF1 avec des commentaires de Georges de CAUNES et David FROST et sur ANTENNE 2 avec des commentaires de Roger COUDERC et Pierre ALBALADEJO
Commentaires : la victoire de la France contre le Pays de Galles a déclenché outre-manche une véritable campagne de presse. Les Français sont présentés comme des brutes épaisses et comme des tricheurs. On parle de la horde sauvage. Tout Twickenham attend de pied ferme cette équipe de France d'autant que les Anglais ont gagné leurs deux premiers matchs (26-6 face à l'Ecosse et 4 à 0 face aux Irlandais à Dublin) et semblent avoir une équipe capable de jouer les premiers rôles après des années de disette.
Aussi quand les Français pénètrent dans le temple du rugby, c'est une véritable bronca qui s'élève des tribunes. Ils sont accueillis par des insultes, des menaces et des crachats. Pas une mêlée ne va ensuite se dérouler sans que la foule ne hurle. Sur chaque action, les Français vont être hués et sifflés. Quant à l'arbitre, dûment chapitré, il ne sanctionne que les fautes françaises. Sur le plan sportif, les deux équipes se quittent à la mi-temps sur un score nul de 0-0 malgré un engagement féroce de part et d'autre. Tout se débloque en 2ème mi-temps. Les Français marquent un essai à la 48ème par SANGALLI, essai peut-être attaché d'un en avant, que ROMEU ne transforme pas. Les Anglais répliquent par une pénalité de l'arrière HIGNELL à la 58éme. Commence alors pour l'arrière anglais un véritable calvaire : il rate toutes ses pénalités, bien placées, mal placées, à droite, à gauche, de loin, face au poteau. Rien ne passe comme si une malédiction s'acharnait sur lui. Au total il va manquer au moins 6 pénalités très faciles.
A la 80ème minute, le score est toujours de 4-3 pour la France. M; KELLEHER,l'arbitre gallois, prend une décision étrange. Il décide de ne plus regarder sa montre. Et il accorde pénalité sur pénalité aux Anglais. Ceux-ci, ayant compris que leur buteur ne passerait rien, tentent de passer en force. Emmenés par le légendaire Bill BEAUMONT, les UTLLEY, HORTON, BURTON s'en donnent à coeur joie et pilonnent la ligne française. Mais les Français défendent avec un acharnement inouï. Les minutes s'égrènent. Les Anglais ne cessent d'attaquer, mais leurs vagues se brisent sur la ligne française. L'arbitre ne veut toujours pas regarder sa montre. Comme des taureaux furieux, les Anglais se ruent à l'assaut. Les Français, dos à la ligne, résistent. 5 minutes d'arrêt de jeu. La foule anglaise de déchaîne. England! England! Les joueurs anglais continuent leurs attaques. En face, c'est Verdun. La défense française atteint le tragique, touche au sublime. Tout le monde s'y met : PACO étouffe SMITH, AVEROUS reprend HIGNELL qui filait à l'essai. BASTIAT sauve les meubles en bottant en touche. AGUIRRE s'offre en sacrifice sur une chandelle à un mètre de la ligne. 7 minutes d'arrêt de jeu. Après une dernière récupération de RIVES, l'arbitre regarde sa montre. Enfin. Il a compris que les Anglais ne passeront jamais. La rage au coeur, il siffle la fin du match. La France l'emporte 4-3. Sous les huées, les insultes et les crachats de Twickenham, les Français lèvent les bras au ciel.
Cette victoire, obtenue dans des conditions dantesques, va recevoir un pâle écho dans la presse sportive française. On fait la fine bouche devant cette magnifique victoire. Un journaliste se hasarde même à ce jeu de mots approximatif : " 4-3, mais pas de 3/4". On reproche aux Français de ne pas avoir d'attaque, oubliant que le seul essai marqué l'a été par les lignes arrières. Alors, contre l'Ecosse qui s'annonce à Paris comme prochain adversaire des Bleus, les arrières sont bien décidés à prendre leur revanche...